Libera Me : Suite et fin
J'avais consacré un article sur les mémoires de Me François Gibault (notice Wikipedia) publiées en 2014 et intitulées Libera Me.
En 2015, probablement en raison du succès de ces mémoires, François Gibault a fait publier, toujours chez Gallimard, la suite de ses mémoires.
En voici quelques extraits qui vous donneront l'envie de lire ces mémoires :
"LA MORALE
" La société française crève du fait que les gens passent leur temps à se donner mutuellement des leçons de morale. Les politiques entre eux, les juges dont ce n'est pas le métier, les professeurs, les syndicalistes et les jeunes ont pris le relais des vieux et du clergé, lesquels, il faut bien le dire, en avaient abusé. Au nom de l'égalité, de la justice et de bien d'autres choses, on traque les riches, les intelligents et les beaux, comme si cela pouvait enrichir les pauvres, rendre intelligents les crétins et beaux les laids. (...)"
"PALAIS DE JUSTICE
"Autrefois, la justice siégeait en ses palais, qui étaient de vrais palais, au coeur des cités, Dijon, Nancy, Rennes en sont de splendides exemples. De notre temps, on les parque avec les indésirables aux portes des villes, dans des baraquements hideux, qui croulent assez rapidement, coûtent des fortunes à l'Etat et où la justice n'est pas mieux rendue qu'avant, trois fois hélas ! La malheureuse, qui n'est pourtant pas riche, jette ainsi par la fenêtre l'argent qu'elle n'a pas, pendant que ses prisons pourrissent et que ses magistrats, qui ne le méritent pas, tirent le diable par la queue."
"PARDON
"La mode est au pardon, surtout quand on n'a rien à se reprocher. Aujourd'hui tout le monde s'autoflagelle, les riches demandent pardon aux pauvres, les vieux s'excusent de n'être plus jeunes, les bien-portants de n'être pas malades, les intelligents vont bientôt demander pardon aux crétins et, depuis longtemps, les politiques le font pour ce qu'ont fait les autres avant eux, surtout quand ils ont conquis le monde et bâti des empires dans lesquels les gens n'étaient pas plus maltraités que depuis qu'ils sont libres d'élire des dictateurs et de crever de faim. La culpabilité est générale, il faut raser les murs, battre sa coulpe, tendre les joues et les fesses, leur donner des verges. Tout cela a un côté masochiste qui ne serait rien si ces repentirs n'étaient pas nimbés d'une hypocrisie qui règne plus que jamais sur notre pauvre monde dans lequel les vaincus sont toujours jugés par les vainqueurs, dont les atrocités ne sont jamais jugées par personne."
François Gibault, Libera Me Suite et Fin, Gallimard, 2015.
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