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Affichage des articles du mai, 2014

La solitude, l'amitié et l'indépendance des avocats. Souvenirs de Vergès.

" (...) C'est pour moi l'occasion de souligner la grande fraternité du barreau, tout au moins chez les meilleurs, et notre indépendance, nécessaire face au pouvoir ou à l'opinion.  Car nous sommes des empêcheurs de tourner en rond.  Indépendance d'autant plus nécessaire aujourd'hui que le conformisme, contraire à l'esprit français, se fait de plus en plus pesant.  Il y a, dans ces rencontres entre anciens et jeunes, un parfum de compagnonnage du meilleur aloi pour maintenir nos traditions, celles des avocats de Louis XVI, de Dreyfus, des communistes devant les sections spéciales, des collabos devant les tribunaux d'épuration et des accusés du FLN devant les tribunaux militaires." "En attendant de dîner ce soir avec mes amis Daniel et Sabine Salem dans un bistrot du 11e, connu pour ses crémeux de cèpes au foie gras et ses filets de rougets à la purée de céleri, je continue à jeter des mots en souvenir de Jean-Marc Varaut. "A la so

L'avocat pénaliste selon Vergès

"J'ai la nostalgie des grands pénalistes d'hier, aux individualités si fortes, dont le plaisir n'était pas dans le consensus mais dans la singularité : Isorni, Tixier ou Maurice Garçon.  Aujourd'hui au contraire, les pénalistes manifestent pour la plupart une volonté évidente de se notabiliser.  Tixier m'invitait à boire un verre dans un bistrot, tel confrère d'aujourd'hui ne peut concevoir l'apéro que dans un bar signalé par le guide Michelin.  Berryer dont la statue géante se dresse au Palais de justice a défendu le prince Louis Napoléon après son équipée de Boulogne, malgré ses opinions légitimistes, mais il a su refuser plus tard les propositions de son client devenu empereur.  Vivant aujourd'hui, il ne serait pas de ceux qui disent ou laissent dire qu'ils sont les avocats de Chirac ou de Mitterand.  M. Berryer ne faisait pas de trafic d'influence.  L'esprit d'indépendance du barreau demeure à la Conférence du stage en dépit

L'avocat pénaliste et les honoraires

Dans mes prochains articles, je reprendrai quelques passages du " Journal - La Passion de Défendre " de Jacques Vergès, publié en 2008 aux éditions du Rocher, dans lequel il relate sa vie, au jour le jour, de janvier 2005 à avril 2006. "(...) Une question qui m'est souvent posée, en forme de constatation : "Vous aimez les affaires médiatiques ?"  Ma réponse, toujours, cloue le bec au pauvre d'esprit qui me la pose : "Sans doute pour de bonnes raisons, autrement vous ne vous y intéresseriez pas."  Toutes les affaires dont je m'occupe ne sont pas médiatisées, ni le divorce de Mme X, ni le redressement fiscal de M. Y.  Je ne médiatise que les affaires où l'injustice des magistrats appelle le recours à l'opinion publique.  Mais la question du journaliste révèle surtout qu'il ne croit pas au bien-fondé de la médiatisation qui n'a dépendu que de lui.  En quoi - de drame people en loft story - il a bien raison ! "Une